Comprendre : la mousse à la surface des rivières

Depuis l’automne, les pluies ont été importantes dans le Finistère comme dans de nombreuses autres régions de France.

Sur la période 1981-2010, les données recueillies à la station Météo-France de Quimper (qui est la plus proche=15km) évalue la précipitation moyenne annuelle à 1250 mm de pluie par an dont environ 690 mm entre les mois d’octobre et février.

Une pluviométrie forte durant l’automne-hiver 2023-2024
Les relevés pluviométriques réalisés cet automne-hiver 2023-2024 autour de Douarnenez grâce aux pluviomètres installés par Douarnenez communauté évaluent le cumul de pluie autour de 880 mm entre le 1er octobre 2023 et le 29 février 2024. Cela correspond à un peu plus de 25% de précipitation en plus par rapport à la moyenne annuelle.
Sur le territoire cela se traduit par des sols gorgés d’eau depuis 5 mois, des niveaux de nappes hauts et des rivières en situations de hautes eaux et de crues presque permanentes.

 

 

 

Apparition d’amas de mousse, un phénomène naturel lié aux matières organiques

A l’occasion de ces crues, il est possible d’observer des amas de mousse à la surface des rivières. Ces observations ne témoignent pas forcément d’une pollution mais correspondent le plus souvent à un phénomène naturel. Un peu comme les phénomènes d’écumes observés sur les plages à l’occasion de certaines tempêtes.
En rivière, le phénomène est beaucoup plus discret et se matérialise par l’accumulation de paquets de mousse dans les branches ou dans les zones d’écoulements lents. Cette mousse apparait lorsque l’eau chargée en matières organiques est agitée à l’occasion d’une crue ou en présence d’une chute d’eau. La matière organique est principalement issue de la décomposition des végétaux aquatiques mais aussi des végétaux terrestres, elle est amplifiée par la présence des bactéries et champignons naturellement présents dans l’eau et les sédiments.

80% des rives des cours d’eau bretons sont occupées par des arbres (ripisylves), cela amène de grandes quantités de débris végétaux à transiter dans les rivières. Ils sont décomposés par l’action mécanique de l’eau mais aussi par de nombreux organismes décomposeurs (micro-organismes, champignons et invertébrés). Ces débris végétaux constituent un maillon important de la chaîne alimentaire des rivières et sont des activateurs de ces organismes invisibles qui épurent naturellement l’eau des rivières.

Pollution ou phénomène naturel ?

Pour ne pas confondre ces phénomènes de moussage saisonnier, avec des épisodes de pollution, il est nécessaire d’observer le fond du cours d’eau pour rechercher des éventuelles traces de colmatage par des développement massifs d’algues, de bactéries ou de champignons en réaction à des apports importants de matières organiques. L’odorat peut aussi être mobilisé pour déceler la présence éventuelle d’un rejet polluant (odeur d’égouts, de putréfaction, ammoniaque, etc.).