La morphologie du lit d’une rivière peut être décrite par divers éléments (largeur, sinuosité, pente, hauteur de ses berges, profondeur, granulométrie des sédiments constitutifs du fond, etc.). Elle est étroitement liée à son fonctionnement biologique et conditionne sa capacité à accueillir des habitats aquatiques et espèces (faune et flore) diversifiés.
La formation d’une rivière résulte de la rencontre entre la pluie et un territoire (le bassin versant), sa morphologie sera influencée par :
- Les types de sols et de roches qui disposent chacun d’une perméabilité et d’une capacité de stockage de l’eau qui leur sont propres.
- Le climat qui impose des quantités de pluie annuelles, des variations saisonnières et l’intensité des évènements pluvieux.
- La topographie qui fixe la quantité d’énergie que le cours d’eau devra dissiper au travers de son débit et du transport des sédiments.
- La nature et la pérennité de la couverture végétal des sols qui influenceront les vitesses de transfert de l’eau au sein du territoire.
A l’état naturel une rivière est en perpétuelle évolution, en raison d’un ajustement continu de la forme de son lit en fonction des débits qui y circulent et de la quantité de sédiments qu’elle transporte. Cette variabilité est depuis toujours un phénomène difficilement accepté par les sociétés humaines qui cherchent à s’en soustraire pour développer leurs activités.
Les interventions humaines sur les cours d’eau et aussi dans le bassin versant induisent des changements qui modifient les débits de la rivière. Celle-ci aura donc tendance à faire évoluer ses caractéristiques morphologiques pour s’adapter aux changements.
Les atteintes à la morphologie des cours sont nombreuses et variées. Elles peuvent résulter d’une modification des débits de la rivière, de l’interruption du transport de sédiment ou de travaux menés directement dans le lit ou sur les berges.
Les cours d’eau de la baie de Douarnenez connaissent des altérations de leur morphologie. Les travaux hydrauliques menés lors des remembrements des années 1970-1980 ont provoqué l’approfondissement et la rectification des ruisseaux et la disparition des méandres pour évacuer l’eau plus rapidement. Certains ruisseaux ont pu être déplacés et repositionnés en limite de propriété pour faciliter la valorisation agricole des terrains. Ces opérations ont été accompagnées de travaux de drainage des zones humides pour les rendre cultivables.
En zones urbanisées, l’accroissement des surfaces imperméabilisées est une source d’accroissement des débits de crues. Il en découle des phénomènes d’érosion du lit et/ou des berges qui conduisent à l’approfondissement du lit et la dégradation des habitats aquatiques.
Au regard de la Directive Cadre sur l’Eau seul le bassin versant du Lapic a été déclassé au titre de sa morphologie. C’est donc la seule rivière qui a bénéficié d’actions spécifiquement ciblée pour restaurer la morphologie de son lit.
Les rivières et les zones humides sont intimement liées. Les bassins versants de la baie accueillent une forte proportion de zones humides situées le long des rivières et ruisseaux. Elles sont souvent de faibles surfaces (quelques centaines de m² à quelques dizaines d’hectare au maximum) et de faibles largeurs. Lorsqu’une action porte sur l’un ou l’autre de ces milieux, elle est bénéfique pour l’ensemble des milieux.
Une action de restauration de la morphologie de la rivière « Le Lapic » a été menée en 2020. L’étang du bois du bourg à Plonévez-Porzay a été construit sur le lit de la rivière. Ce dernier a été déplacé et endigué en périphérie de l’étang.
L’opération s’est déroulée sur 2 années. L’étang a été vidé en mai 2019 et laissé sans eau jusqu’en août 2020 pour permettre à la vase se stabiliser et de se tasser. La digue séparant l’étang du ruisseau a été déconstruite et un nouveau lit de rivière à méandre a été créé sur environ 130 mètres. Cette opération a permis un accroissement localisé de la longueur de la rivière, provoque un ralentissement des écoulement et provoque l’inondation de la zone humide lors des crues.