Ces informations sont fournies par le Centre de Valorisation des Algues (CEVA) qui effectue des survols réguliers des différentes baies « algues vertes » afin d’évaluer l’étendue du phénomène. Les données n’ont pas encore pu être consolidées, c’est pourquoi les chiffres indiqués pourraient évoluer dans les mois à venir. Le bilan définitif sera présenté dans le rapport annuel du CEVA, en avril 2024.

Ce bilan est complété avec les données de concentration en H₂S relevées par AirBreizh sur la plage de Ste Anne la Palud, les observations des techniciens et élus de l’EPAB qui arpentent régulièrement les différentes plages, ainsi que les données de ramassage fournies par les communes.

La surface algale de mai à septembre 2023

Historique de la saison (mai à septembre)

La baie de Douarnenez, habituellement particulièrement précoce, était tardive en 2023. Seule la plage du Ris était impactée en mai. En juin, des échouages se poursuivaient sur la plage du Ris et des algues infralittorales* probablement de type ulves* étaient présentes dans l’eau devant plusieurs des plages. En juillet, la prolifération avait beaucoup progressé, en lien avec des conditions météorologiques calmes (peu de houle) et une pluviométrie importante soutenant le flux de nutriments. Les surfaces étaient alors supérieures d’environ 10% au niveau pluriannuel. En août, les surfaces étaient moins élevées qu’en juillet. Il est possible que la tempête qui a eu lieu début août, avec la houle associée, ait provoqué un déstockage : les algues seraient parties au large. En septembre, les flux particulièrement élevés et les conditions favorables ont entrainé une croissance soutenue, avec des échouages importants au sud et à l’est de la baie. Les plages du nord de la baie montraient le développement d’algues rouges

La situation en octobre

La situation était assez similaire au mois de septembre. Les ulves étaient fortement présentes sur les plages du sud de la baie, dans des proportions nettement supérieures aux moyennes pluriannuelles. Sur le nord de la baie, les algues rouges dominaient (Falkenbergia probablement) mais en tapis plus modérés que ces dernières années. Des algues à priori vertes étaient également présentes en infralittoral (la perception de la couleur peut être modifiée par la colonne d’eau).

Les couvertures estimées sur l’ensemble de la baie étaient plus faible d’environ 40% par rapport à septembre. Elles restaient cependant supérieures d’environ 2,5 fois au niveau moyen d’octobre, qui habituellement est très bas.

Le maintien inhabituel des surfaces en octobre s’explique par les conditions particulièrement calmes et ensoleillées de début octobre. Cette période de l’année est habituellement déjà concernée par les premières tempêtes, ce qui a pour effet des disperser les algues, voire de les évacuer en dehors de la baie. Le mois d’octobre 2023 a quant à lui été chaud, ensoleillé et très peu dispersif. Le bilan est donc une faible érosion des quantités d’algues présentes, voire une poursuite de leur croissance. Le faible flux de nutriments lié à des débits très bas n’a pas suffi à limiter le développement des ulves, car les besoins de croissance des algues sont très limités à cette période (jours courts, incidence solaire faible).

La concentration d’hydrogène sulfuré (H₂S)

Le seuil de déclenchement d’alerte H₂S (concentration supérieure à 1 ppm) par le capteur situé à Ste Anne la Palud n’a pas été dépassé durant le mois d’octobre ni durant le reste de la saison 2023. La valeur maximale d’H₂S relevée au cours de la saison est de 0,013ppm, valeur atteinte deux fois : le 27 juin à 7h et le 10 octobre (les valeurs de la semaine 40 ne sont pas disponibles au moment de la rédaction de ce document).

La quantité d’algues ramassées depuis le mois de mai

Le tableau suivant présente la quantité d’algues ramassées, en tonnes, par les différentes communes. La valeur est le cumul à la semaine 41 (mi-octobre, dernière valeur disponible) de chaque année.

NB : Ces valeurs sont issues des déclarations des communes à la DDTM : il est possible qu’elles évoluent suite à la prise en compte de futures déclarations.

En conclusion pour la saison 2023

Après le mois d’octobre, les conditions climatiques redeviennent limitantes pour le développement des algues vertes : les conditions de luminosité et de température ne suffisent plus aux besoins de croissance, la « saison » est terminée. La prolifération importante des ulves au mois d’octobre constitue un stock potentiel important pour la reprise printanière de 2024. Les conditions hivernales auront donc une forte influence sur la prochaine saison : un hiver doux et peu dispersif pourrait engendrer une grande précocité dans la prolifération des ulves. On peut cependant espérer que les tempêtes Ciaran et Domingo qui ont balayé le territoire début novembre aient permis la dispersion d’au moins une partie du stock algal.

Lexique et informations complémentaires

* algues infralittorales ou en rideau : il s’agit d’algues présentes dans l’eau de mer, dans la zone proche de la plage. Les algues sont donc présentes mais les conditions d’agitation empêchent leur échouage sur la plage.

* ulves et algues filamenteuses : historiquement, le phénomène des marées vertes est associé aux algues du genre Ulva, que l’on nomme « ulves » lorsqu’elles ont une forme de lame. Cependant d’autres algues participent au phénomène, dont les algues du genre « Cladophora » (algues filamenteuses brunes) et « Falkenbergia » (algues filamenteuses rouges) dont il est question ici.

Pour plus d’informations, vous pouvez également consulter

Le site gouvernemental d’information sur les algues vertes

Le Plan de Lutte contre les Algues Vertes (PLAV) sur le site de la préfecture du FInistère 

Le site du CEVA sur le suivi des marées vertes en Bretagne

Le site d’Air Breizh concernant la surveillance de l’H₂S sur les baies Algues Vertes