Le réseau de suivi de la qualité de l’eau

L’EPAB suit la qualité de l’eau du territoire grâce à différents paramètres physico-chimique (nitrates, phosphore, pesticides, bactéries…). Ce suivi permet de mieux connaître les basins versants, d’orienter les programmes d’actions sur le territoire, d’en évaluer les effets et d’anticiper les défis à venir.

Le suivi s’effectue sur les eaux de surface (cours d’eau, marais) et sur les eaux souterraines (sources, forages).

Pour tous les paramètres mesurés, les échantillons d’eau sont prélevés par l’EPAB et les analyses sont réalisées par un laboratoire agréé.

Le suivi de la qualité des cours d’eau

Le suivi de la qualité des eaux souterraines

LA QUALITE DES EAUX DE SURFACE

La localisation d’un prélèvement est appelée “station”. Chaque station est codifiée avec un code commun à tous les acteurs de l’eau : cela permet d’avoir un référentiel commun et d’accéder facilement aux données sur la banque de données nationale Naiades. Voici les codes des stations “eau de surface” suivies par l’EPAB.

 Les nitrates

Pourquoi les mesure-t-on ?

La baie de Douarnenez est particulièrement sensible au phénomène de marées vertes, c’est pourquoi un suivi « nitrates » existe depuis 1999 avec une expansion progressive du nombre de sites mais aussi un affinement dans le choix des stations de suivi et une harmonisation des méthodes.

Il est primordial de surveiller l’évolution de ce nutriment car c’est le facteur limitant des marées vertes  sur la période mai-septembre. En effet, c’est à cette période que la luminosité et la température de l’eau sont favorables au développement des algues vertes. Le seul facteur limitant leur prolifération est la quantité de “nourriture” disponible : le nitrate. Limiter les apports en nitrates par les cours d’eau permet de limiter le développement de la biomasse algale.

En baie de Douarnenez, l’objectif est d’atteindre une concentration égale à 15 mg/L en moyenne par cours d’eau sur la période estivale[1]  afin de diminuer de moitié la masse algale par rapport en l’été 2005.

[1] Cette valeur a été fixée comme objectif dans le SAGE Baie de Douarnenez à l’horizon 2027, d’après une modélisation du CEVA et de l’IFREMER réalisée en 2009.

 

Où et quand ?

21 cours d’eau ont été identifiés dans le cadre du Plan de Lutte contre les Algues Vertes. Après un inventaire exhaustif en 2013, ils ont été séparés en deux catégories :
– les 8 cours d’eau principaux (points rouges sur la carte) sont suivis en continu, à une fréquence hebdomadaire ou bimensuelle selon la saison : Aber, Lestrevet, Kerharo, Lapic, Ris, Pénity, Stalas et Kergaoulédan. A eux seuls, ces 8 cours d’eau contribuent à 80% de la quantité d’azote atteignant le littoral.
– les 13 autres cours d’eau (points oranges sur la carte) sont suivis une année sur deux, à une fréquence bimensuelle : Caon, Rostegoff, Porslous, Caméros, Pentrez, Kélérec Nord, Kélérec Sud, Ty Mark, Ty Anquer, Sainte Anne, Trezmalaouen, Kerscampen, et Tréboul. 

Un état des lieux a également été réalisé en 2017 sur les cours d’eau du Cap Sizun (communes de  Douarnenez, Poullan-sur-Mer et Beuzec-Cap-Sizun)  et de la Presqu’île de Crozon (communes de Camaret sur Mer et Crozon) pour mesurer les teneurs en nitrates des petits affluents côtiers et leur participation éventuelle au phénomène d’eutrophisation de la baie.

 Comment interpréter les résultats ?

Du point de vue de la législation européenne (la Directive Cadre sur l’Eau, 2000), les cours d’eau du territoire sont en bon état vis-à-vis des nitrates, car aucun ne dépasse la valeur seuil de 50 mg/L. Cependant, la sensibilité de la baie de Douarnenez impose une ambition bien plus grande de réduction des concentrations en nitrates, d’où l’objectif de 15 mg/L.

Cependant, la concentration seule ne permet pas d’estimer la quantité d’azote transportée par les cours d’eau. A concentration égale, un “grand” cours d’eau comme l’Aber apportera plus d’azote qu’un cours d’eau plus petit comme le Ty Mark, simplement car la quantité d’eau qui circule n’est pas la même. Pour prendre en compte cette notion de quantité d’azote, on utilise donc le débit de chacun des cours d’eau. En multipliant la concentration (mg/L) par le débit (L/s), on obtient une quantité d’azote en fonction du temps : le flux

schémas macroflux

L’outil Macroflux développé par lAgrocampus de Rennes et proposé par la DREAL permet de calculer  les flux d’azote à partir de mesures ponctuelles de concentrations en nitrates et de débits journaliers.

Afin de posséder des valeurs de débit fiables, deux stations hydrométriques mesurant en continu la hauteur d’eau ont été installées sur les cours d’eau du Ris et du Kerharo. On obtient ainsi tous les débits des cours d’eau de la baie par extrapolation.

Sont disponibles en téléchargement :

– Le rapport technique de fin de travaux présentant l’installation des deux stations hydrométriques.

– le rapport présentant l’établissement des courbes de tarage et le calcul de débits sur le Ris et le Kerharo


Les composés phosphorés

Pourquoi les mesure-t-on ?

Le phosphore provient principalement des amendement agricoles et des dysfonctionnements des systèmes d’assainissement. Si le phosphore est le deuxième facteur limitant le développement des algues vertes dans l’eau salée, il est le premier facteur impliqué dans l’eutrophisation des plans d’eau douce. Il est également un indicateur de l’état des cours d’eau : tout comme l’azote, il est essentiel à la vie mais peut nuire au bon fonctionnement de l’écosystème s’il est présent en trop grande quantité.

Dans les cours d’eau, le phosphore se trouve principalement sous deux formes : le phosphore dissout (principalement des ions orthophosphates PO4 3-) et le phosphore particulaire, qui est une forme “solide”, adsorbée sur des particules de sol. Le phosphore particulaire seul ne peut pas être facilement mesuré au laboratoire. Deux paramètres sont donc suivis : le phosphate et le phosphore total.

Où et quand ?

Les composés phosphorés ont été suivi dans 6 cours d’eau du territoire de 2015 à 2019. Ce suivi a permis d’identifier les bassins versants les plus à risque de transfert de phosphore vers les milieux aquatiques.

Si l’ion phosphate est très mobile dans le sol, le phosphore particulaire lui est principalement retrouvé dans les cours d’eau lors de fortes pluies. Une pluie violente entraîne en effet l’érosion des sols, et si rien ne fait obstacle à l’écoulement de l’eau (comme un talus ou une bande enherbée), les particules de sol chargées de phosphore rejoignent alors les rivières. C’est pourquoi les analyses de phosphore total sont communément réalisées par “temps de pluie”, c’est-à-dire lorsque la pluviométrie cumulée dépasse 10mm en 24h.

Comment interpréter les résultats ?
Les concentrations en phosphates et en phosphore total sont comparées aux valeurs seuils issues de la législation européenne (la Directive Cadre sur l’Eau, 2000), de manière à déterminer si les cours d’eau du territoire sont ou non en bon état vis-à-vis de ces paramètres. Les concentrations n’évoluant que faiblement d’une année sur l’autre, le suivi a été arrêté en 2020. Cependant, les actions entreprises pour limiter l’érosion des sols se poursuivent, et il est envisagé de lancer une nouvelle année de suivi en 2025 afin d’évaluer l’impact de ces actions.

Les pesticides

Pourquoi les mesure-t-on ?

L’utilisation des produits phytosanitaires, ou pesticides, s’est popularisée au siècle passé, d’abord par la profession agricole puis par les particuliers et les collectivités pour faciliter l’entretien des espaces verts communautaires ou privés. La plupart des molécules utilisées comme pesticides ont un effet néfaste pour la biodiversité, et leur impact est également controversé pour la santé humaine. De plus, une norme est fixée pour l’utilisation de l’eau de surface pour produire de l’eau potable : au delà d’un seuil de 2 µg/L (toutes substances confondues) l’eau ne peut pas être utilisée pour produire de l’eau potable. Sous ce seuil, une forte concentration de pesticides dans l’eau prélevée implique un traitement difficile et couteux pour respecter les normes de potabilisation. Dans une région où 75% de l’eau potable provient des eaux de surface, le suivi des pesticides est un enjeu important. Sur le territoire de la baie de Douarnenez, le Ris et l’Aber sont tous les deux utilisés pour la production d’eau potable. Si la loi Labbé a interdit l’utilisation des pesticides pour les collectivités en 2017 puis pour les collectivités en 2019, elle restait autorisée pour le traitement de certains espaces comme les cimetières et les terrains de sport jusqu’en 2023 (échéance repoussée à 2025 pour certains espaces). En agriculture, la fréquence et la nature des traitements sont contrôlés. Si les effets des molécules mères (celles qui sont contenues dans le produit utilisé) sont plutôt bien étudiés, ceux de leurs métabolites (les molécules filles issues de la dégradation des molécules mères) sont bien moins connus. Ces métabolites sont cependant beaucoup plus mobiles et se retrouvent plus facilement dans les cours d’eau.

Où et quand ?

Après un bilan exhaustif en 2015, 6 cours d’eau sont suivis en alternance sur le paramètre “pesticides”. L’Aber, le Ris et le Lapic sont suivis les années paires (2022, 2024…) et le Kerharo, le Pentrez et le Stalas sont suivis les années impaires (2021, 2023…). Des suivis ponctuels à échelle plus fine peuvent également être mis en œuvre, comme sur le Lapic en 2015. Quelques analyses ont été réalisées sur le Kergaoulédan fin 2023 dans le cadre de la mise en place du périmètre de protection de la zone de captage d’eau souterraine.

Les prélèvements ont lieu une fois par mois, selon un protocole “temps de pluie”, c’est-à-dire lorsque la pluviométrie cumulée dépasse 10mm en 24h. En effet, les modes de transfert des molécules phytosanitaires (notamment les molécules mères) vers les cours d’eau est similaire à ceux du phosphore : les plus fortes concentrations sont retrouvées lorsque la pluie engendre l’érosion des sols. 10 prélèvements sont réalisés au cours de l’année. 


LA QUALITÉ DES EAUX SOUTERRAINES

Pourquoi suivre les eaux souterraines ?

Les eaux souterraines jouent un grand rôle dans un phénomène appelé le temps de réponse des milieux. En effet, les paramètres physico-chimiques comme la concentration en nitrate évoluent beaucoup moins vite dans les nappes souterraines que dans les cours d’eau. Lorsqu’un contaminant a atteint la nappe, il y reste bien plus longtemps que s’il avait atteint un cours d’eau. Ainsi, les effets des actions mises en place à la surface ne sont visibles qu’environ 5 à 10 ans plus tard. En l’absence de pluie, notamment en été, environ 80% de l’eau qui circule dans les rivières est issue des nappes souterraines : on dit qu’elles soutiennent le débit d’étiage.

Où et quand ? photo eaux sout

Historiquement, 33 sites (sources, résurgences et un forage) ont été échantillonnés deux fois par ans entre 2013 et 2020, en hautes eaux (fin de l’hiver) et basses eaux (fin de l’été). Après un bilan en 2020, le nombre de sites a été réduit à 23 et une nouvelle stratégie d’échantillonnage a été mise en place :

– 2 fois/an tous les 2 ans pour les stations influencées par les écoulements de sub-surface
– 2 fois/ an tous les 3 ans pour les stations où la concentration en nitrates est élevée
– 1 fois par an tous les 5 ans pour les stations où la concentration en nitrates est faible et stable, ou en baisse

L’interaction entre nappe et rivière est évaluée par la mesure de paramètres “in situ”, directement sur le terrain : l’oxygène dissout, la conductivité et le pH de l’eau sont mesurés dans l’eau de la source et comparés à ceux du cours d’eau auquel elle contribue. Par le passé, des analyses sur les concentrations en chlorures ont également été menées afin d’identifier d’éventuelles intrusions d’eau saline. Jusqu’à présent, la concentration en pesticides dans les eaux souterraines n’a pas été évaluée.

Comment interpréter les résultats ?

La localisation d’un prélèvement est appelée “station”. Chaque station est codifiée avec un code commun à tous les acteurs de l’eau : cela permet d’avoir un référentiel commun et d’accéder facilement aux données sur la banque de données nationale ADES. Voici les codes des stations “eau souterraine” suivies par l’EPAB.